Une culture enracinée dans la mémoire

Au milieu su 17e siècle, la découverte de nouveaux mondes révolutionne la vieille Europe. La canne à sucre, originaire d’Asie, via Madère et le Brésil, est introduite aux Caraïbes.

Du divin roseau, on extrait le sucre qui va rapidement se substituer au miel et propulser une petite île au rang de grand producteur mondial. Bien qu’épargnée par le conflit franco-anglais qui ravage les Petites-Antilles – Nelson réussit à tenir en respect son irréductible ennemi, Bonaparte – la Barbade va pourtant subir indirectement les foudres de l’empereur. Lors du blocus continental qui affect la France, Napoléon encourage les scientifiques à développer industriellement la découverte de l’Allemand Andreas Margraf qui dès 1747 a réussi à obtenir du sucre à partir de la betterave. En France, une véritable industrie nationale se crée, qui va recourir à l’exploitation intensive de la betterave sucrière. La canne et ses producteurs en subissent de plein fouet les effets.

Les paysages Barbadiens

En fait, au vu des paysages barbadiens ou «bajans» qui se déploient en vagues ondulantes de tiges gracieuses, on peut en déduire que cette économie reste importante, et s’apparente à une volonté de conserver une tradition en pérennisant une véritable culture enracinée dans le passé et les mémoires. Même difficile, fatigante, voire harassante lors des récoltes, l’exploitation de la canne reste un garde-fou, voire un exorcisme pour un peuple fier qui s’accommode d’un passé douloureux marqué par l’esclavage. Pendant les récoltes, on chante des chansons d’autrefois par plaisir et pour se donner du cœur à l’ouvrage. Les paroles de certaines d’entre elles, visant le maître honni, révèlent un humour féroce.

Qualification

On pourrait aussi qualifier cette économie d’archaïque, mais quand on assiste aux fêtes de «Crop Over», on comprend qu’il serait inconvenant de couper les racines d’un peuple fier, qui préfère peut-être s’échiner sous le soleil plutôt que de se retrouver en uniforme dans un resort ou un hôtel pour touristes. Certes, le sucre ne pèse pas bien lourd face aux revenus que constitue le passage de 2 millions de touristes (30% des ressources), mais ce tourisme serait-il aussi florissant sans ces champs ondoyants qui prennent des reflets moirés sous le soleil? Et sans les silhouettes sombres des cheminées de plantations qui jouent aux clochers de village?

Précisons qu’au temps de sa splendeur sucrière, l’île comptait 500 moulins, et que le «Morgan Lewis Windmill»; vieux de 250 ans, a fonctionné jusqu’en 1947.

Inscrit par l’UNESCO sur la liste des 100 sites à restaurer impérativement dans le monde. Le moulin fût en 1997 démonté et restauré entièrement et depuis 1999, de nouveau opérationnel. il est maintenant le dernier moulin à posséder une machinerie en parfait état de marche.