Seychelles, là où se dessine la silhouette de nos rêves…

C’est un archipel nimbé de chaleur, de lagons turquoise et de plages idylliques où l’on s’adonne au luxe ultime: ne rien faire  ! Égrainer ses îles sur un agréable voilier au fil d’Alisés capricieux n’est pas seulement gage d’une évasion totale. C’est entrer dans un mythe d’initiés.
Texte & photos  : Camille JS / Pepite Photography > (Photos sous-marines : Martina Bauder & Tony Baskeyfield)

AMRI Photo (4)
Dispersées sur 1.200 Kms, entre l’Equateur et Madagascar, 115 îles granitiques et coralliennes composent ce bel éden tant convoité de l’Océan indien. De «  berceau de l’humanité  » aux plus célèbres repaires de pirates, les Seychelles sont mêlées à tant de légendes et de récits fantastiques que l’on s’y perd. Riches et puissants de la planète s’y sont ménagés de véritables arches isolées et mirifiques. Le régime n’est pas le plus démocratique, mais le rêve persiste au-delà des inégalités. Praslin, La Digue, Curieuse, Aride, Félicité, Marianne, Grande Sœur, Cousin, cousine… Je récite le nom de ces îles comme un mantra. Anse source d’Argent, langouste, rascasse, coco-de-mer, tortues géantes… Des clichés féeriques un beau jour à portée de main. Me voilà à Mahé, là où se niche entre collines et forêts, Victoria la capitale. Son marché, son petit Big Ben, son temple hindou, sa population bigarrée et attachante, je les aborderai à la fin du voyage. Pour l’heure, un taxi m’emmène à la jetée de l’Inter Island Quay. Cat Cocos, un ferry rallie en 45 min l’île de Praslin. Entrant dans la Baie Sainte Anne, on dépasse de gracieux voiliers à l’ancre. Un jeune homme à la chevelure folle m’emmène vers eux sur un dinghy. Deux et trois mats de 6 à 9 cabines  :   2 yachts modernes aménagés en voilier et 2 bateaux historiques hollandais (un harenguier et un vaisseau pilote) forment la flotte de Silhouette Cruises. Deux d’entre eux sont là prêts à passer la nuit.   L’un d’eux m’attend.

Bonheur à huit-clos

Anse Source d'Argent, one of La Digue's most famous beaches for its rockeries.

La croisière démarre avec l’accueil de Louis, le capitaine du Sea Star, un jeune baroudeur des mers. Chaque passager ensuite se présente. Nous sommes une dizaine, de tout horizon, plus l’équipage  : Hillary et Angélique, nos hôtesses, puis Jean-Yves, Liam, Xavier… Deux matelots, un ingénieur mécanicien et le très respecté Chef Cook qui va nous gâter. Enfin, il y a Calum, instructeur de plongée PADI, un Ecossais pur souche et seul à bord donnant l’impression de n’avoir jamais croisé les rayons du soleil brûlant qui dorent ici si facilement les corps. Je découvre ma couchette, douillette et climatisée, nickel  ! Chacun prend ses marques, explore le pont avant avec son solarium, l’arrière avec la large banquette et la grande table abritées du soleil, le salon et la salle à manger intérieurs. Je prends mon premier verre en faisant connaissance, sourire aux lèvres, un peu intimidée par la majesté du décor.   Au matin du premier jour, on profite de la proximité de Praslin pour visiter la Vallée de Mai, patrimoine de l’UNESCO. C’est une forêt peuplée de lataniers dont les gracieuses palmes vert tendre s’entremêlent avec l’emblématique Coco-de-Mer, variété endémique de cocotier. Les formes et les couleurs m’hypnotisent et des bulbuls, petits oiseaux chanteur, narguent mes objectifs… Déjà, il est l’heure de mettre les voiles.  Le temps s’envole et notre bateau vogue d’île en île, au gré du vent et des vagues. Les journées défilent sur un tempo idéal à trois temps  : Air –Terre – Mer.

Fendant l’air  

J’adore la routine de la navigation. Ces heures à fendre l’air et à chevaucher les vagues où l’on peut lire, dormir, rire avec les autres ou méditer devant les paysages qui défilent. Souvent, on se relaie à la pointe de la proue pour jouir de sensations grisantes. Ce sont des visions de paradis perdu, des îles   et des rochers sculptés de façon insolite, piqués sur un océan qui paraît sans fin. Pourtant, sauf exception, les Croisières Silhouette ne naviguent que parmi les «  îles intérieures  » autour de Mahé  ; soit 42 îles à découvrir. Beaucoup sont sauvages, inhabitées ou protégées. Chaque soir, au terme de nos agapes, le capitaine dévoile le programme du lendemain. Les horaires varient à cause de la navigation, mais chaque jour nous abordons une île, ses plages et ses villages s’il y en a. Ces excursions terrestres incluent les immanquables. Comme La Digue, la parfaite carte postale avec ses plages enlacées de granites ciselés par les âges, des «  anses  » immortalisées des millions de fois en photos sans que jamais deux se ressemblent.   Comme aussi l’île Curieuse où ses seuls habitants sont les célèbres tortues d’Aldabra groupées devant l’Anse José et la famille de gardiens qui les surveillent. L’équipage nous y a organisé un grand barbecue. Des milliers de petits «  fodies  » (passereaux rouges aux ailes grises) viennent mendier les restes de notre repas qui tente aussi les dames en carapaces férocement attirées par le jaune. Nous les régalons donc d’un régime entier de bananes. Spectacle inoubliable  ! Sur cette île, un sentier balisé permet de se balader parmi les mangroves jusqu’aux hauteurs granitiques qui culminent à 172 m. Là haut entourés de cocotiers, de takamakas et de vanille sauvage, on visite la Maison du Docteur, une demeure coloniale restaurée témoignant de l’ancienne léproserie installée ici en 1833 par des Missionnaires.

Terres sauvages

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Un autre jour, nous accostons Aride, la citadelle des oiseaux. Peut-être, la plus intacte des îles des Seychelles. Constituée en réserve naturelle à partir de 1967, elle a été vendue en 1973 à Mr Cadbury (le gentleman des chocolats) qui l’a placée sous la tutelle du ICS (Island Conservation Society, réserve de toutes les îles granitiques des Seychelles). Depuis le nombre d’oiseaux marins a augmenté et cinq espèces endémiques de terre sont revenus y vivre. Quelques responsables du programme de conservation demeurent et guident les touristes sur l’un des deux sentiers aménagés. Balade vraiment inhabituelle… À chaque pas, je crois rêver. Des centaines, voire des milliers d’oiseaux nous entourent de très près comme insensibles à notre présence. Eblouie, je fais connaissance avec les phaétons à queue rouge et des sternes de Dougal (avec un bonnet noir).  Parmi les plus beaux, il y a les Pailles-en-queue qui nichent au sol, leurs longues plumes élégamment posées et nous fixant de leurs grands yeux noirs luisants. Et bien sûr, les couples de sternes blanches à bec bleu, l’emblème des Seychelles (Fairy Stern). D’avril à juillet*, près d’un million d’oiseaux viennent nicher ici sur les 68 hectares que constitue cette l’île, fermée de début mai à début septembre pour protéger les oiseux et empêcher les locaux d’y ravir les œufs, autrefois leurs friandises préférées. Nous avons aussi eu le privilège de jouir quelques heures de Grande Sœur, encore une île privée néanmoins ouverte aux visiteurs le week-end et sur autorisation. Deux plages plantées dans un décors hallucinant, quelques tortues broutant le gazon et une eau turquoise intense dotée d’une infinie richesse marine.

* L’île Aride se visite alors en semaine sous la guidance de ranger de l’ICS.

Tous à la Mer  !

mer

Le troisième et le plus important élément qui rythme le tempo, c’est bien sûr la mer.   Que l’on soit plongeur assidu ou vaguement amateur  ; notre bateau fait un à deux arrêts par jour dans des baies abritées ou des points protégés où tous nous profitons avec délices des eaux transparentes et de ses myriades de poissons colorés. Certains s’essaient aux kayaks mis à disposition. Les autres enfilent palmes, masque et tuba pour s’adonner au snorkeling et flirter avec tortues de mer et raies en plongée libre. Puis, il y a toujours quelques passagers plus «  Pro  » qui descendent avec Calum et des bouteilles pour des balades sous-marines prolongées. J’ai plongé avec eux sur deux «  spots  »  ; celui de Coco Island, près de Félicité et à celui de Bobbi Island. Les récifs coralliens sont assurément parmi les plus beaux de notre planète. Je mesure et comprends aujourd’hui le privilège que constitue un voyage aux Seychelles, car jusqu’au plus humble bourg de Mahé, partout où le regard se pose, tout et tous sont d’une beauté et d’une douceur irréelle.

Le troisième et le plus important élément qui rythme le tempo, c’est bien sûr la mer.  Que l’on soit plongeur assidu ou vaguement amateur  ; notre bateau fait un à deux arrêts par jour dans des baies abritées ou des points protégés où tous nous profitons avec délices des eaux transparentes et de ses myriades de poissons colorés. Certains s’essaient aux kayaks mis à disposition. Les autres enfilent palmes, masque et tuba pour s’adonner au snorkeling et flirter avec tortues de mer et raies en plongée libre. Puis, il y a toujours quelques passagers plus «  Pro  » qui descendent avec Calum et des bouteilles pour des balades sous-marines prolongées. J’ai plongé avec eux sur deux «  spots  »  ; celui de Coco Island, près de Félicité et à celui de Bobbi Island. Les récifs coralliens sont assurément parmi les plus beaux de notre planète. Je mesure et comprends aujourd’hui le privilège que constitue un voyage aux Seychelles, car jusqu’au plus humble bourg de Mahé, partout où le regard se pose, tout et tous sont d’une beauté et d’une douceur irréelle.

TonyBaskeyfield (19)

Seychelles  : Mode d’Emploi

Les Seychelles sont à considérer comme un sanctuaire préservé. Moins de 100.000 habitants peuplent cette petite république créole. Presque tous vivent sur les «  îles intérieures  » sur le plateau granitique que constitue Mahé, Praslin et La Digue. Seules ces trois îles sont reliée par des ferries réguliers. Accéder aux autres peut s’avérer compliqué si l’on ne possède ni bateau, ni hélicoptère… Plus de 50 % du territoire est protégé en réserve naturelle et/ou parc marin. Partout, on demande aux visiteurs comme aux habitants un comportement responsable afin de préserver la biodiversité unique et fragile. Un droit d’accès (droit de conservation) d’environ 10/15 euros/pers est demandé à l’entrée de la plupart des îles. Mais il incombe au voyageur de se rendre au bureau du gardien ou des autorités le plus proche pour s’en acquitter. 

Publié par Camille JS http://www.lespepitesduvoyage.info