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Regarder le monde avec un regard différent, notre interview avec Alain MARC

Pour la simple et bonne raison, nous avions envie de donner la parole à nos amis blogueurs et voyageurs : cette passion qui se résume aussi en un mot « Partage », et qui est très agréable à lire en passant.
Cette semaine, c’est au tour de Alain MARC du blog http://www.aquarelle-en-voyage.com/ de partager son expérience. Passionné de voyage, il a répondu à nos questions avec grand plaisir. J’espère que vous allez apprécier son blog autant que nous…
Assez parlé, maintenant voici son interview.

1 – Geoploria : Peux-tu te présenter, et nous présenter ton blog en quelques lignes ?

Avant tout, je dois dire que je suis né dans un atelier d’artiste et mon père peintre et sculpteur était aussi un grand voyageur réalisant en croquis et aquarelle de superbes carnets de voyage. Je suis artiste peintre et carnettiste professionnel depuis plus de 45 ans, plusieurs de mes carnets et illustrations de voyage ayant été édités par différentes revues et plusieurs éditeurs.
C’est dire si ma vocation était là dès mon enfance : peindre et voyager, pour faire à mon tour voyager à travers les croquis et aquarelles réalisés en voyage celles et ceux qui n’ont pas fait les mêmes parcours, mais aussi donner un regard « carnettiste » aux personnes qui les connaissent déjà.
De là est né mon blog il y a près de 6 ans, qui explique et fait partager mes différentes expériences créatives en voyage (dans toutes sortes de voyages même si ceux-ci commencent sur le pas de votre porte) avec ses facettes inspiratrices, techniques et créatives.

2— Geoploria : Pourquoi ce blog ?

Pour partager mon expérience, montrer que ce n’est pas difficile (que c’est même formidable), et donner à chacun l’envie de voyager en se nourrissant d’encore plus de beauté, en ramenant avec soi cette beauté de façon bien plus personnelle et originale qu’avec de simples photos (ce qui n’empêche pas de ramener aussi photos et vidéos !).
C’est un blog qui vous convie à regarder le monde avec un regard différent (pictural) chaque fois que vous partez en voyage, ce qui transforme complètement le voyage en une aventure doublement agréable et accomplissante.

3— Geoploria : « Aquarelle en Voyage », pourquoi avoir choisi ce nom pour ton blog ?

Car les aquarelles réalisées en voyage par nos grands maîtres (Turner, Delacroix, tant d’autres, et je n’oublie pas mon père que je considère aussi comme un grand maître) me paraissent encore plus belles parce qu’elles ont été réalisées en voyage justement. Parce que j’ai aussi pu vérifier que le voyage est la plus belle des sources d’inspiration pour l’aquarelliste puisqu’il y « lave » notre regard, le renouvelle sans cesse et l’aquarelle le plus pratique et agréable moyen pictural pour rendre un voyage plus beau, plus intense, plus passionnant. L’aquarelle en voyage « ouvre » non seulement les portes et les cœurs (alors que l’appareil photo les ferme le plus souvent), mais elle apprend surtout à regarder, à voir mille choses qu’on ne peut imaginer quand on croit avoir « vu » ce qui nous entourait dans un voyage.
Ces trois mots « aquarelle », « en » et « voyage » étaient donc pour moi indissociables et ne pouvaient que bien représenter mon blog

4— Geoploria : Ton blog connaît maintenant un vif succès. Est-ce que le fait de le gérer à plein temps te permet encore de voyager de temps en temps ?

Oui, car comme pour mes aquarelles réalisées sur place, je « l’emporte avec moi » (et j’y travaille même quelquefois au bout du monde en même temps que j’y anime un stage « carnet de voyage aquarelle » à l’intention des gens qui m’ont suivi) !
Je veux dire par là, que chaque fois que je peux me connecter à internet (sans pour autant gâcher le plaisir du voyage, cela peut au contraire être très enthousiasmant), j’y publie mes dernières aquarelles en même temps que de véritables petits reportages (souvent complétés de vidéo d’ailleurs, ce qui est une véritable gageure lorsque je suis dans un endroit où il est très difficile de se connecter, voir par exemple http://www.aquarelle-en-voyage.com/article-aquarelle-autour-du-lac-brome-111088852.html ou http://www.aquarelle-en-voyage.com/2014/07/aquarelles-amazonie-jours-et-nuits-magiques-a-partager.html ou http://www.aquarelle-en-voyage.com/article-6004148.html ou http://www.aquarelle-en-voyage.com/article-avec-les-h-mong-fleuris-des-montagnes-vietnamiennes-70149229.html, il y en a tant d’autres dans mon blog).
Je ne sais pas comment j’arrive à tout faire, mais j’y arrive (il est vrai que j’y passe parfois des nuits entières et si je veux être par ailleurs disponible et efficace dans la journée le lendemain il me faut être très organisé)…

5— Geoploria : Quel type de voyage t’inspire le plus ? Et comment se déroulent les préparatifs en général ?

Celui où la découverte, l’aventure et l’imprévu vont donner plus de magie, d’émerveillement et de suspens au voyage.
Quand je prépare un voyage, je me documente le plus que je peux sur la destination où je me rends, le contexte humain, économique, géographique, historique, géopolitique, etc., mais aussi sur toutes les sortes d’équilibres internationaux, nationaux et régionaux qui concernent cette destination.
J’essaie si je le peux de prendre contact grâce aux réseaux sociaux avec des autochtones qui me paraissent fiables s’ils sont en principe amis de longue date. J’établis ensuite un planning de base qui me servira de fil conducteur (mais duquel je pourrai m’écarter si les circonstances le permettent sur place) puis prépare enfin mes bagages (dont mon matériel d’aquarelle et tout ce qui me donnera le maximum d’autonomie) en fonction de cette destination.

6— Geoploria : Quelle est cette destination que tu préfères le plus ? Et pourquoi ?

Oh, il y en a plusieurs, certaines proches, d’autres lointaines, car chaque lieu sur notre belle terre nous réserve des surprises et des trésors considérables.
Proche de nous c’est sans nul doute l’Andalousie que je connais depuis mon enfance (avec mes parents qui allaient au bout de l’Espagne profonde dont les frontières venaient à peine d’être ouvertes par le Général Franco, apporter des nouvelles des réfugiés que nous hébergions à leurs familles restées sur place au lendemain de la dernière guerre mondiale). Cela c’était du voyage pour mes yeux de petit garçon curieux et passionné, du « vrai » comme on ne peut plus en faire aujourd’hui (sinon en prenant des risques plus grands encore qu’à cette époque-là). Depuis je ne cesse d’y revenir et de m’en délecter.
Plus loin de nos contrées, les pays d’Amérique latine me fascinent, mais sans doute est-ce à cause de l’empreinte laissée sur moi par mes découvertes juvéniles en Ibérie ?

7— Geoploria : Quelle serait ta prochaine destination, et pourquoi ?

Le Guatemala, où j’emmènerai un groupe de stagiaires-carnettistes : c’est l’un des pays d’Amérique latine que je ne connais pas encore. Et puis, il fait partie de tous ces petits pays d’Amérique Centrale qui font le lien entre les deux Amériques !

8— Geoploria : Quelle rencontre t’a le plus marquée durant tes voyages, art, cultures… ?

Le pays qui m’a le plus touché par la beauté de ses paysages, de ses monuments, de ses peuples, et de son authenticité mêlés c’est certainement le Myanmar. Mais la rencontre (il y en a eu beaucoup) qui m’a le plus ému est sans aucun doute celle de Rejean, un Indien naskapi de grande valeur humaine qui avait ouvert avec sa femme un gîte sur les bords du fleuve Saint-Laurent. Il a gentiment accepté de poser moi et je veux par mon aquarelle qu’il ne meure jamais. Je conserve précieusement et avec émotion la poupée sacrée qu’il m’a offerte, car en très peu de temps nous étions devenus amis (voir http://www.aquarelle-en-voyage.com/article-rencontre-avec-rejean-interview-et-portrait-111420857.html).

9— Geoploria : Si tu devais donner quelques conseils à ceux qui aimeraient vivre une vie d’aquarelliste, quels seraient-ils ?

Qu’ils soient humbles, car tout a été fait en aquarelle, et s’ils ressentent une vraie vocation pour cette forme d’expression avec pour espoir d’en vivre un jour qu’ils travaillent dur et surtout soient patients ! Mais s’ils veulent simplement se faire plaisir et vivre une belle expérience de vie, alors qu’ils foncent sans attendre et n’accordent aucune attention à qui pourrait les juger.

10— Geoploria : Y a-t-il autre chose que tu voudrais ajouter ?

Que l’aquarelle en elle-même est un voyage parce qu’en la pratiquant on quitte tout pour un « ailleurs » où on peut s’évader de son quotidien, de sa condition, abolir le temps, se régénérer ou même se reconstruire sans avoir conscience du temps qui passe.
Cet « ailleurs » on le porte tous en soi, mais on ne le sait pas toujours ; pourtant, il se révèle souvent à travers les voyages (sans penser « aquarelle » ou « carnet de voyage ») c’est pour cela qu’on aime tant les voyages. Dans les voyages, on est « quelqu’un d’autre », c’est comme si l’on renaissait. Quand on part, on part avant tout à la rencontre de l’accomplissement d’une dimension de notre être profond qui nous est généralement inconnu, mais qui ne peut se révéler qu’à travers le dépaysement, la rencontre et la découverte. De nombreuses notions de temps, d’espace, d’existence, de rapport au monde, d’imprévu, de plaisir, sont communes au voyage et à l’aquarelle. C’est pour cela que marier les deux c’est éterniser le voyage dans l’espace de l’aquarelle, et donner à l’aquarelle une dynamique qui nous grandit dans le regard que nous pouvons avoir sur le monde et la vie.

Un grand merci à toi d’avoir répondu à notre interview qui nous donne vraiment envie de vivre cette expérience ! Et ceux qui ont soif de voyage comme moi, n’hésitez pas à aller faire un tour sur son blog http://www.aquarelle-en-voyage.com/.